Comment bénéficier d’une retraite progressive ?

Par Mustapha Azzouz | Mis à jour le 24/11/2020 à 17:49
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Lorsque l’on souhaite se retirer en douceur, il est possible de passer à temps partiel. Si cela implique une certaine baisse du pouvoir d’achat, vous pouvez, sous certaines conditions, bénéficier d’une retraite progressive. Concept, conditions et démarches : voici tout ce que vous devez savoir sur la retraite progressive.

La retraite progressive, c’est quoi ?

La retraite progressive a été créée pour accompagner les actifs en fin de carrière. Afin qu’ils cessent leur activité en douceur, il leur est en effet possible de travailler à temps partiel et de demander une retraite progressive. Cette dernière leur permettra de toucher une partie de leur pension, tout en continuant à cotiser pour leur retraite pleine. Ce système séduit de plus en plus de travailleurs depuis les dernières évolutions du dispositif en 2014. Entre 2015 et 2016, le nombre de bénéficiaires a ainsi augmenté de 120 % pour atteindre 15 800 bénéficiaires en 2017 et 21 527 en 2019.

Les conditions pour bénéficier d’une retraite progressive

Salariés du privé, artisans, exploitants et salariés agricoles et commerçants peuvent bénéficier de la retraite progressive. Depuis janvier 2018, il est également possible pour les personnes travaillant pour plusieurs employeurs (aide aux personnes, femmes de ménage, services à domicile, etc.) de demander une retraite progressive. Les employés non titulaires de la fonction publique dépendant du droit privé, comme les employés territoriaux ayant un contrat de moins de 28 h/semaine, peuvent demander une retraite progressive. Si vous êtes employé à temps plein et souhaitez bénéficier d’une retraite progressive dans la même entreprise à partir de 60 ans, vous devrez d’abord négocier un temps partiel avec votre employeur.

En revanche, les travailleurs non-salariés comme les autoentrepreneurs ne peuvent bénéficier de ce dispositif. C’est également le cas des professions libérales et des personnes dépendant de régimes spéciaux (EDF, Banque de France, SNCF…). Les personnes dont le temps de travail ne peut être comptabilisé en heures telles que les cadres au forfait, les VRP ou les dirigeants de société sont aussi exclus du dispositif.

Les autres conditions à remplir pour bénéficier d’une retraite progressive sont les suivantes :

  • Avoir au moins 60 ans ;
  • Avoir cotisé au moins 150 trimestres (tous les régimes de retraite obligatoires sont pris en compte, même ceux de la fonction publique et des régimes spéciaux) ;
  • Avoir un temps partiel dont la durée est comprise entre 40 % et 80 % d’un temps complet.

Quel est le montant d’une retraite progressive ?

Le mode de calcul du montant d’une retraite progressive est le même que pour une retraite à temps plein. Son montant dépendra donc des cotisations que vous avez versées durant votre carrière et ce jusqu’au dernier jour du trimestre civil travaillé à temps plein. Par ailleurs, si vous n’avez pas encore cotisé assez de trimestres pour bénéficier d’une retraite à temps plein, une décote sera appliquée à votre retraite progressive. Elle ne pourra en aucun cas dépasser 25 %.

Autre critère pris en compte pour calculer votre pension : le temps de travail de votre temps partiel. L’administration fiscale explique ainsi que : « la fraction de pension qui vous est accordée est égale à la différence entre le montant entier de votre pension et votre durée de travail ». Par exemple, si vous travaillez 20 heures par semaine, votre durée de travail est de 57,1428 % du temps plein (20/35 × 100). Vous pourrez donc bénéficier d’une retraite progressive de 43 % (100 – 57) de votre pension complète.

Bon à savoir : le relevé de carrière pour faire le point

Pour faire le point sur l’avancement de vos cotisations retraite, vous pouvez demander un relevé de carrière sur le site de l’Assurance Retraite. Vous pourrez également y faire une simulation de vos droits. Pour votre retraite complémentaire, le site de l’Agirc-Arrco propose le même service.

Les démarches pour demander sa retraite progressive

Pour bénéficier d’une retraite progressive, il est conseillé de faire sa demande 6 mois avant le début souhaité de sa mise en place (6 mois avant votre 60e anniversaire par exemple). Vous devrez adresser votre demande à la Carsat dont vous dépendez (Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail). Votre dossier de demande de retraite progressive devra comprendre les éléments suivants :

  • Le Cerfa 1064*07 rempli ;
  • Le ou les contrat(s) de travail à temps partiel en cours ;
  • Une pièce d’identité ;
  • Vos deux derniers avis d’imposition ;
  • Un RIB ;
  • L’attestation d’employeur pour la retraite progressive (formulaire 13362*02). Dans le cas de plusieurs employeurs, chacun doit remplir un document.

Quand la retraite progressive s’arrête-t-elle ?

Une fois que vous bénéficiez de la retraite progressive, le dispositif pourra être suspendu si :

  • Vous ne répondez pas au questionnaire annuel concernant votre activité à temps partiel envoyé par votre caisse de retraite régionale ;
  • Vous cessez de travailler à temps partiel (vous pourrez cependant de nouveau avoir droit à la retraite progressive si vous démarrez une nouvelle activité partielle par la suite) ;
  • Vous demandez votre retraite à taux plein ;
  • Vous travaillez à temps complet ;
  • Vous continuez à exercer à temps partiel, mais pour une durée horaire moindre ou supérieure à celle fixée par le dispositif.

Quel impact sur la retraite pleine ?

La retraite progressive n’aura aucune influence sur votre retraite à taux plein. En effet, lorsque vous travaillerez à temps partiel, vous continuerez à cotiser. Bien évidemment, vos cotisations seront inférieures à celles d’un temps plein : s’il vous manque des trimestres pour obtenir une retraite complète, vous les accumulerez donc plus lentement.

Si cela ne vous convient pas, il est possible de conclure un accord avec votre employeur pour mettre en place le calcul de vos cotisations sur la base d’un temps plein. Cela vous permettra ainsi d’atteindre une retraite complète plus rapidement.

Bon à savoir : attention à votre prime !

Lorsque l’on quitte une entreprise pour partir à la retraite, il est possible de bénéficier d’une prime (soumise à condition d’ancienneté). Cette prime est calculée sur les 12 derniers mois avant le départ à la retraite définitive ou les 3 derniers mois si cela est plus avantageux. Le passage à temps partiel sur la fin de votre carrière fera donc immanquablement baisser le montant de cette prime, à moins que votre convention collective ne soit plus favorable.

Si vous avez envie de lever le pied alors que l’heure de la retraite n’a pas encore sonné, pensez à la retraite progressive. C’est un bon compromis pour maintenir une activité professionnelle et profiter de plus de temps libre sans trop perdre en pouvoir d’achat.

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